OCTOBRE 2015 • La participation : laboratoire de la politique de la ville ?

Mettre l’habitant au cœur de l’action publique

La participation : une injonction permanente depuis les premiers jours de la politique de la ville, et même antérieure à elle, dans les relations entre société civile et gouvernance ! Trente ans plus tard, le bilan est sévère et le sujet est encore loin de faire consensus pour les décideurs et les professionnels.

Aujourd’hui pourtant, l’enjeu est d’une nature et d’une intensité nouvelles. La participation est clairement réaffirmée dans la loi comme condition de réussite et d’efficacité de la politique de la ville, avec, et c’est une nouveauté, l’apparition de mesures concrètes: des conseils citoyens dans les quartiers et des habitants dans les instances de pilotage.

L’urgence est démocratique et sociale. Elle s’impose à ceux qui œuvrent pour l’égalité territoriale dans nos villes. Il est primordial d’écouter aussi ceux qui ne sont pas rompus au débat public local pour définir, suivre et évaluer avec eux les changements à entreprendre dans leur quartier. C’est le sens du nouveau contrat social autant que du nouveau contrat de ville : faire lien pour penser l’urbain, reflet d’une société durable, équitable et juste. L’urgence est aussi économique, les finances publiques se faisant rares. Mais la participation, si elle demande des temps longs et des moyens, ne peut être une alternative ou un leurre destiné à masquer une baisse d’investissements qui restent nécessaires. L’ambition n’est pas mince, et les tâches à accomplir peuvent sembler ardues. Les conditions de la participation sont-elles aujourd’hui réunies et les acteurs sont-ils prêts ? Ce changement de paradigme est-il à la portée de la politique de la ville ?

Certes, des pratiques existent déjà, mais elles peinent toujours à dépasser le stade de l’exemplarité. Elles sont menées par des collectifs citoyens, des associations, des intervenants en appui aux services et aux élus, des agents de la fonction publique territoriale. Certaines sont anciennes, d’autres expérimentales ; les unes dans la coopération, les autres dans la négociation. Écouter les témoignages de ceux qui les portent renseigne de façon concrète sur les fondements, les processus et l’aboutissement de ces rencontres humaines que propose la participation, un pas-à-pas qui peut être lent, mais qui permet souvent d’aller plus loin.

Sur la paillasse du laboratoire de la politique de la ville, c’est le sens de l’histoire de nos villes et de nos institutions démocratiques qui est à questionner, les méthodes et les pratiques qui sont à disséquer. Non pour les reproduire d’emblée, mais pour comprendre comment elles participent à redéfinir, à étayer la coopération entre les acteurs, à renforcer la légitimité de l’action publique et de la politique. Mettre l’habitant au cœur de l’action publique, c’est mobiliser des moyens, communiquer une détermination, un professionnalisme voire une passion – et même parfois de la jubilation.

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